Se soigner de façon naturelle, notre tradition oubliée – 4ème partie: La médecine chinoise et l’homéopathie

La médecine chinoise est arrivée avec les migrants venus de Chine, au cours du 19eme siècle. Ils se sont installés principalement à Port Louis, en tant que commerçants.

Les pharmacies chinoises de cette époque sont en voie de disparition. Ils y vendent des produits importés de Chine, de Corée, de Taiwan. Il s’agit de préparations déjà faites, ou des matières premières servant aux ordonnances du médecin.

Il y a quelques années, au cours d’une visite du quartier chinois avec mes élèves, lorsque j’étais encore dans l’enseignement, nous avons pris des photos de la vieille pharmacie chinoise, et son pharmacien.

Aujourd’hui, le pharmacien est à la retraite et les tiroirs sont vides. Mais depuis quelques années, d’autres médecins sont apparus. Le docteur Li Ming, a créé en 2008, le  « Jian Wu Tang traditionnel Chinese Health center ». Il établit son diagnostique par un massage, puis à la suite d’un rapport, fait sa consultation en indiquant les méridiens

bloqués [1].  Il propose aussi du taïchi, de l’acuponcture, de la réflexologie, des médicaments à base de plantes médicinales.

Il y a également de nombreux médecins qui utilisent l’acuponcture.

Homéopathie :

Parmi les médecines naturelles, c’est la pratique la moins connue et la moins représentée à Maurice. Selon une étude faite par le laboratoire Boiron en 2010, 20% de la population mauricienne est adepte de l’homéopathie, 5% de la population n’y croit pas et 75% de la population n’en a pas entendu parler [2].

Il existe le centre est le Sivananda Healing center. Homéopathie, prières, et méditations y sont liées. Selon Jean Benoist [3], ce centre est à l’image même du métissage culturel et « médical » de Maurice, si on peut l’appeler ainsi.

Le Swami Sivananda, médecin, fonda les « Sivananda Ashram », destinés à soigner les pauvres. Son disciple, le Swami Venkatesananda enseigna et pratiqua l’homéopathie en Afrique du Sud. S’inspirant de son travail, les auteurs Narayani et Girdarlall ont écrit l’ouvrage « Handbook on Healing », publié en Inde puis en Afrique du Sud.

A la fin des années 70, les auteurs sont venus à Maurice et ont créé le centre.

Les formations d’homéopathie données durent 4 mois. Tout est inspiré de l’ouvrage cité, qui  préconise un ensemble de méthodes, dont l’homéopathie est majoritaire, mais aussi la réflexologie, les exercices de respiration, la méditation.

Les maladies, les remèdes, et les médicaments homéopathiques y sont indiqués (36 mixtures et 80 remèdes simples) [4].

« Les granules sont préparés selon une méthode qui aurait été mise au point en Grande-Bretagne, par Malcom Roe. La spécificité de cette méthode tient à ce que les teintures-mères sont remplacées par l’action d’une machine, le magneto-geometric potentizer, sur les granules neutres de lactose. Chaque médicament homéopathique serait caractérisé par une vibration propre. L’appareil vise à soumettre le granule de lactose à cette vibration dont il gardera trace ensuite et dont il véhiculera vers le malade l’effet bienfaisant, lui aussi spécifique. Pour chaque médicament à produire, la pharmacie du centre de soin dispose d’une carte sur laquelle figure un diagramme formé de plusieurs cercles concentriques. Le cercle le plus petit porte des encoches dont la disposition commande le rythme vibratoire du médicament auquel correspond la carte. La machine suit ce rythme lorsqu’on la met en marche après introduction de la carte, et le communique aux granules qui, en l’enregistrant, deviennent des médicaments » [5].

Un autre  centre est le « Homeopathy Positive Health Center ». Les médicaments prescrits sont importés de France, d’Allemagne ou d’Inde. Les consultations sont gratuites, mais les patients payent les médicaments.

Ainsi, si l’homéopathie n’est pas très connue a Maurice. Selon Amine Hajoui [6], Directeur régional de Boiron Océan Indien, le groupe installé localement compte continuer à se développer, que ce soit à La Réunion, ou dans les pays voisins.

 

[1] Selon la tradition chinoise, le Qi est une énergie qui circule dans des canaux appelés méridiens dans notre corps. Il existe 356 points d’acupuncture. La maladie est définie comme un obstacle dans le canal énergétique. En plaçant des aiguilles sur les points de commande des méridiens, l’acupuncture éliminera ces obstacles et rétablit la circulation énergétique.

[2] Deepwantee BUMMA, L’Homéopathie à l’ile Maurice, Diplôme Universitaires en sciences pharmaceutiques, Faculté des sciences pharmaceutiques et biologiques de Lille, 2014.

[3] Jean Benoist, Soigner au pluriel : essais sur le pluralisme médical, pp. 89-113. Paris : Les Éditions Karthala.

[4] Jean Benoist, Soigner au pluriel : essais sur le pluralisme médical, pp. 89-113. Paris : Les Éditions Karthala.

[5] Idem.

[6] http://www.ipreunion.com/archives/reportage, Michèle Boiron: « l’homéopathie est une chance »